Pierre Poujade
avait raison !
Cette phrase
pouvant passer pour provocante pourrait être le résumé de ce que nous entendons
durant ces derniers jours avec la crise des éleveurs. Dans Le Figaro, Périco Légasse,
électeur de Nicolas Dupont-Aignan en 2012, déclare que la grande distribution a
détruit le commerce de proximité et étouffe nos éleveurs et agriculteurs avec
des prix extrêmement bas. Il ajoute à cela la concurrence européenne avec la
disparition des frontières et le risque de la chute des salaires. Ces critiques
datent déjà de très longtemps et le secteur primaire français est en crise
depuis de nombreuses années. La grande distribution ce sont ces magasins comme
Géant, Lidl, Carrefour… qui proposent une logique de surconsommation avec des
marques différentes pour le même croque-monsieur, deux steaks similaires où
deux salades identiques. En fait, il s’agit du symbole
même de la politique de la surproduction mise en place depuis des décennies et
qui est jugée par certains comme étant à bout de souffle. Alors des questions
se posent comme celle de payer plus cher pour consommer local. Cependant,
derrière les coups de communication, le gouvernement ne pourra rien faire. En
effet, son paradigme consiste à encourager le libre-échange comme on peut le
voire avec le traité transatlantique et sa religion de la monnaie européenne.
Cette révolte
n’est qu’un énième épisode d’un long déclin d’un secteur entier de notre
économie qui est pourtant la plus vitale pour notre quotidien. Ce déclin va
être un nouvel élément de la crise de civilisation que nous traversons car
notre nourriture est la base même de notre mode de vie. La civilisation du blé
n’a pas connu les mêmes évolutions historiques que la civilisation du riz et du
mais. Cependant tout ça est en train de disparaitre avec la mise à mort des
agriculteurs, à commencer par ceux d’Amérique, et le processus de
monopolisation par plusieurs groupes. Bientôt, il sera quasiment impossible
d’avoir une nourriture variée car le mode de production sera la même partout.
Vous pouvez varier les marques, le produit sera le même.
Ceci dit, la
nourriture, et donc la ressource, est une question trop essentielle pour
qu’elle puisse connaitre cette évolution de manière inéluctable. Les éleveurs
et les agriculteurs sont les premiers à se mobiliser de manière violente depuis
des années mais un certain nombre de personnes s’activent aussi pour consommer
local. Pour l’instant on n’en parle pas, mais lorsque ce processus deviendra un
peu plus important et pourra devenir une réalité économique dans certains coins
géographiques, elle deviendra une réalité politique. Mais pour cela, il faut
faire évoluer l’idée de base qui consiste à dire « produisons et
consommons local » et « Face à une crise mondiale, pensons local ».
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